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Success Story - Edmond Dechamps



Comme vous le savez, pour moi, une success story ce n'est pas gagner ou avoir gagné beaucoup d'argent, mais c'est surtout, avoir fait une différence.

Et une différence, Edmond Deschamps en a fait une. En effet, il a eu l'idée d'aider les adolescents qui avaient des problèmes à l'école, à réussir et à reprendre confiance en eux, pour qu'ils puissent se réaliser et avoir la vie qu'ils avaient envie d'avoir.

Il faut bien dire qu’on ne nous apprend pas à être parents et parfois les parents, avec les meilleurs intentions du monde font de grosses erreurs et les enfants se retrouvent complètement déstabilisés.

Ou alors c'est la vie qui les a déstabilisés. Changement constant de pays, séparations difficiles des parents et bien d'autres choses encore peuvent déstabiliser complètement un enfant.

Un professeur peut aussi casser un enfant, tout comme il peut lui donner une merveilleuse confiance en lui.

De plus l'adolescence est un âge difficile pour l'enfant et pour son environnement.

Pour une chrysalide, il n'est pas facile de devenir papillon, pour un enfant il n'est souvent pas facile de devenir adulte.

Edmond s'en est rendu compte et a voulu aider ceux pour qui c'était vraiment difficile. Il a donc ouvert une école privée qui préparait les enfants à ce qu'on appelle en Belgique, le jury central.

Ce sont des examens, écrits et oraux, passés devant un jury, qui reprennent la matière des humanités, il y a plus ou moins 14 matières différentes qui doivent être assimilée, la matière est bien entendu imposée.

Ces 14 matières étaient présentées en 2 fois, si les examens étaient réussis, les élèves pouvaient aller à l’Université, c’était donc important de réussir.

J’ai connu des jeunes dont il a changé la vie et j’ai été ravie qu’il accepte de répondre à quelques unes de mes questions.

Nanou : Qu'est-ce qui t'a donné envie de faire ça ?

Edmond : au fond toute ma vie j'ai aimé être avec des jeunes, toute ma vie j'ai aimé l'équipe et la puissance d'un équipe, j'ai joué au football au Royal Léopold club et à 50 ans je jouais toujours en vétéran, c'est te dire... J'ai aussi été scout, j'ai fait des camps scouts et j'aimais le travail collectif.

Je pense que c'est inné, je ne suis pas quelqu'un qui s'isole et encore maintenant, quand je prends un verre ou que je mange au club où je fais du sport et que je suis seul, très vite j'engage la conversation avec quelqu'un et avec les jeunes c'était ma force, je savais les écouter.

Mais en fait, au départ, je ne pensais pas du tout ouvrir ce genre d'école, j'aimait beaucoup les voyages et je voulais être pilote.

J'ai donc suivi les cours de la SABENA, (qui était à l'époque la compagnie aérienne belge), et j'ai très bien réussit les examens écrit.

Lorsqu'après deux ans j'ai pu commencé les cours pratiques on m'a dit que je n'avais pas certaines capacités physiques nécessaire pour être un pilote de ligne. (il faut dire qu'à l'époque les compagnies étaient très exigeantes quand aux qualités physiques des pilotes, vous aviez par exemple un très très léger problème de vue, vous étiez recalé)

J'ai été terriblement déçu, mais a quelque chose malheur est bon et c'est grâce à ça que j'ai commencé à aider mon frère qui avait créer une école qui aidait les enfants en difficulté et en décrochage scolaire et comme j'étais fort en math, j'ai commencé à donner des cours.

Et je me suis pris au jeu, j'ai découvert qu'en fait j'aimais beaucoup ça et après un temps, j'ai eu envie de créer ma propre école.

Bien sur comme c'était une école privée, je n'avais pas d'aide de l'état, mais d'un autre côté j'étais libre d'enseigner comme je voulais. J'avais bien entendu l'obligation d'enseigner la matière pour que les élèves puisse réussir les examens, mais j'étais libre dans la façon de le faire.

Je devais donc faire payer les élèves mais le premier mois je les testais pour voir, parce que j'étais réaliste, je savais qu'on ne plait pas à tout le monde et je savais aussi que tout le monde n’est pas fait pour faire des études classiques. Certains sont doués pour faire des études manuelles et c’est très bien.

Donc si l'élève s'adaptait à l’école et aux études il payait mais si il ne s'adaptait pas je ne lui faisais pas payer le mois d'essais.

Certains élèves ont même pu suivre les cours a des conditions vraiment intéressantes et même certains vraiment motivés mais dont les parents connaissaient de gros problèmes ne payaient pas. Le minerval dépendait beaucoup de la situation financière des parents

J'ai aussi créé une mutuelle dans un des très beau quartier de Bruxelles, parce que j'ai toujours eu un but social, c'était vraiment important pour moi.

Je pense vraiment que réussir c'est décider de ce qu'on veut, et y aller, et aussi mettre de l'argent de côté.

Mais au départ ce qui m'a poussé à faire ce que j'ai fait, c'est une réaction à "l'échec" que j'ai connu à la Sabena, en me disant "je suis capable" (d'ailleurs plus tard, j'ai piloté pour le plaisir des petits avions). Mais, n'avoir pas pu continuer à la Sabena alors que je savais que j'étais intelligent et que je pouvais réussir, a été un moteur qui m'a poussé.

Au lieu de me replier sur moi même et de pleurer sur mon sort, j'ai réagit et j'ai décidé de réussir. J'ai tout fait, j'ai été ouvrier, employé, puis j'ai été mon propre patron, mais ça m'a permis de connaitre la société, comme j'ai été élevé dans un milieu privilégié, ça m'a beaucoup aidé. Je dois dire que mon service militaire m'a aussi beaucoup aidé a découvrir des personnes, qui vivent et pensent différemment.

Le fait de fréquenter différents milieux ouvre l'esprit et je suis persuadé que si maintenant je devais retravailler, il ne me faudrait pas 8 jours pour trouver du boulot (et je le crois).

Par exemple, 20% de la population ne sait pas utiliser un ordinateur et c'est pour eux un handicap, il y a donc là quelque chose à faire.

Mais je ne veux plus recommencer, a mon âge, (82 ans), j'apprécie de ne plus avoir d'heure, et lorsqu'on travaille il est important d'être stricte avec soi même, j'étais toujours le premier à l'école et le dernier partit, pour voir entre autre que tout soi éteint, parce que les petites fuites, font perdre parfois beaucoup d'argent.

Je veillais à ce que les classes soient en ordre, pour que ça fonctionne bien, il faut mettre la main à la pâte, la personne qui a repris mon école, restait derrière son bureau et comme elle avait d'autres occupations elle n'était pas souvent là et elle a pris quelqu'un d’autre pour s’occuper de l’école. Mais cette personne, ce n'était pas son affaire, elle n'avait pas le feu sacré et maintenant c'est fini, alors qu'il y avait moyen non seulement de bien gagner sa vie mais aussi de bien faire gagner leur vie à beaucoup de personnes et d'aider beaucoup de personnes à démarrer dans la vie.

Nanou : Tu as permis à beaucoup de jeunes, et j'en connais pas mal, a vraiment changer.

Edmond : Oui, c'est parce que j'étais rigoureux mais tolérant, je comprenais qu'ils fassent des bêtises et s'ils les reconnaissaient il n'y avait pas de problèmes. Je ne suis pas rancunier mais je n'oublie pas.

J'avais un pensionnat dans la maison à côté de chez moi et un jour j'ai appris que certains élèves voulaient faire le mur et rentrer vers minuit - 1h du matin. A minuit j'ai été les attendre et quand ils sont rentrés, je les ai envoyés en salle d'étude faire des révisions et quand ils s'endormaient je leur disait qu'il n'était pas question de dormir et qu'ils expliqueraient eux même à leurs parents pourquoi ils étaient renvoyés de l'école pendant deux jours.

J'ai du rester éveillé toute la nuit mais ils n'ont jamais recommencé.

Nanou : Pour faire ce genre de choses, il faut aimer ce qu'on fait.

Edmond : En fait, j'ai appris à l'aimer. C'est grâce à mon frère que j'ai trouvé ma vocation et que j'ai appris à enseigner, parce qu'enseigner n'est pas facile, mais j'ai découvert que j'aimais vraiment ça.

Heureusement que ma femme m'a suivit parce que ce n'était pas toujours facile. A un moment donné, il y avait 12 personnes à la maison et bien que nous ayons un domestique, ce n'était pas toujours simple mais heureusement elle aime aussi la société et la compagnie, en plus, je lui ai donné cours aussi, donc elle me connaissait bien.

Nanou : Quelle sont les plus grosses difficultés que tu as rencontré ?

Edmond : La plus grosses difficulté était la jalousie.

L'argent peut aussi parfois poser des problèmes. Heureusement comme j'étais économe, ça m'a permis de faire face à une autre difficulté qui était le fait que parfois les parents ne payaient pas. Il y a des gens à qui j'ai payé toutes les études.

Un jour un monsieur dont la fille était à l'école, et qui avait un restaurant a fait faillite, sa fille travaillait bien et j'ai dit au père, "monsieur ce n'est pas grave quand vous saurez me payer, vous me payerez". Et deux ans après la fin des études de sa fille, il est venu me payer. Et chaque année à Noël, je reçois des voeux de la jeune fille, qui est une femme vraiment épanouie maintenant.

J'ai aidé beaucoup de personnes mais je n'ai pas fait de carnet d'ancien, je ne veux pas de gratification parce que j'estime que je n'ai fait que réveillé ce qui était latent en chacun de ces enfants. Je les ai toujours respectés parce que je pense que toutes les personnes doivent être respectées.

C'est pour ça que j’en veux tellement aux extrémistes islamistes. Ils ne respectent pas la vie.

Nanou : Oui les extrémistes quels qu’il soient sont toujours dangereux.

Edmond : Le problème, c’est qu’on ne sanctionne pas. La sanction a du bon, bien sur il faut une juste mesure mais la sanction a du bon.

Il est important d’être sévère mais juste. Par exemple : ma fille était dans une école classique et un jour les professeurs se mettent en grève, je vais les voir et je leur dit « vous prenez les enfants en otage, pourquoi ne faites-vous pas comme au Japon, mettre une brassard noir pour montrer votre désaccord mais continuer à enseigner pour que les enfants aient vu toute la matière. Ca n’a pas plu à tout le monde et alors qu’elle avait réussit aux examens de Noël, à Pâques, elle échoue. Je lui dit « je te retire », et en juin elle réussissait son jury. Belle revanche.

Je donnais à mes élèves un esprit de synthèse, ils avaient la matière de plusieurs années à apprendre c’était donc énorme, et ils devaient tout assimiler d’un coup.

Maintenant le jury a changé et ils passent les examens morceaux par morceaux, d’abord deux examens puis trois examens et puis le complément etc.

L’école connait de gros problèmes en ce moment et les professeurs sont démotivés.

Nanou : Mais ne penses-tu pas que la façon d’enseigner à l’école est un peu dépassée, j’ai connu des enfant qui m’ont dit j’apprends plus vite sur internet qu’à l’école ?

Edmond : Il faut savoir que pas mal de professeur ont fait ce métier parce qu’il y a beaucoup de vacances, 4 mois de vacances ce n’est pas rien et donc, ceux là n’ont pas le feu sacré.

Chez moi pendant les vacances, l’école était ouverte et je travaillais, c’est important. A pâques les élèves n’avaient pas de vacances, à Noël, ils n’avaient pas de vacances, en juillet août, ils avaient un mois, sauf ceux qui devaient représenter immédiatement et donc moi, je n’arrêtais pas.

Mais j’ai eu beaucoup de difficultés avec les parents.

Nanou : Oui mais il faut bien dire qu’être parent c’est extraordinairement difficile et on ne nous apprend pas à être parent.

Edmond : C’est vrai mais j’ai retrouvé des petits mots que ma fille avait écrit et sur l’un il était marqué, « mon papa rentre tard mais il vient toujours m’embrasser, il part tôt mais il vient toujours m’embrasser », je peux te les montrer.

Nanou : C’est vrai mais tout dépend de ce que les parents ont vécu quand ils étaient petit.

Edmond : C’est vrai, mais le gros problème maintenant c’est que les parents n’ont pas le temps de s’occuper de leurs enfants parfois ils payent très très cher pour qu’on s’occupe de leurs enfants et ces écoles sont vraiment réservées à un petite élite. Ces écoles sont maintenant hors prix et inaccessibles pour monsieur et madame tout le monde.

Nanou : L’état devrait ouvrir ce genre d’école pour tous les enfants en difficulté.

Edmond : Oui ce serait une bonne idée, mais dans ce genre d’école les professeurs doivent beaucoup travailler.

De toute façon, je pense que c’est le tiercé gagnant, aimer ce qu’on fait ou apprendre à aimer ce qu’on fait et beaucoup travailler.

Un médecin m’a guérit alors que les autres ne trouvaient pas ce que j’avais et surtout n’avaient pas de remèdes, mais ce médecin travaille énormément et part encore maintenant à un congrès, il n’arrête pas mais il aime ça. C’est bien pour ses malades et c’est bien pour lui.

Nanou : Mais dis-moi Edmond, selon toi quelles sont les qualités qu’il faut pour pouvoir entreprendre, pour pouvoir démarrer une affaire ?

Edmond : A mon avis c’est d’avoir une bonne estime de soi-même, c’est à dire de bien se connaître, bien connaître ses qualités et ses défauts, ça pour moi c’est très important et alors avoir un panorama de différentes choses et de tester, ce n’est pas parce qu’on s’engage dans une voie qu’on est bloqué, si on voit que ça ne va pas, on peut prendre d’autres voies.

J’en sui un bon exemple, j’ai commencé par vouloir être pilote à la Sabena et je me suis retrouvé dans l’enseignement qui sont deux pôles tout à fait différents, étant donné que l’un est mobile comme situation et que l’autre est statique.

On peut changer de situation et trouver sa voie comme ça, involontairement, par la force des choses.

Il faut tout de même savoir un petit peu ce que l’on veut et surtout se rendre compte que si on est plutôt manuel, il vaut mieux aller vers une orientation technique, si on est intellectuel et qu’on lit énormément, il vaut mieux aller vers une voie littéraire, il y a des belles voies, la communication, le journalisme, il y a beaucoup de choses possibles, il y a aussi les langues si on est doué pour ça, il y a beaucoup de possibilités qui sont offertes.

Je crois surtout qu’il ne faut jamais croire qu’on est incapable, ça c’est très mauvais. Si on n’a pas une certaine confiance en soi, on va à l’échec.

« Rien n’est impossible à qui veut », c’est vraiment ça le principal. Mais il faut aussi travailler et ça demande un effort, et ça demande des sacrifices et ça il ne faut pas oublier.

Nanou : Mais quand on y croit, c’est plus facile de faire un effort

Edmond : Oui c’est certain mais même quand on y croit, on peut avoir des difficultés, il n’y a pas que des réussites, il y a aussi des échecs et là il est important d’avoir la force de caractère pour se relever et non pas se plier, ça c’est avoir la force de caractère.

Dans nos pays on a un peu perdu cette capacité, beaucoup de personnes ne veulent plus faire d’effort, nos universitaires sont dans les derniers dans le monde, notre enseignement est catastrophique.

Et ce n’est pas le nombre d’élève dans une classe qui est important, c’est la communication qu’on puisse avoir avec son interlocuteur, c’est ça le plus important.

Comme tu le dis très justement quand on n’aime pas quelque chose on part le pied lourd.

J’adore aller m’installer à la terrasse d’un café et regarder les gens et me dire celui là est heureux, celui-là ouf !!! J’adore regarder les gens, et j’ai un certain feeling, je sens les gens avec qui je peux m’entendre et ceux avec qui je ne m’entendrai pas.

Ca se forme, ça, tout se forme.

Nanou : Mais dans ton école tu redonnais confiance à tes élèves.

Edmond : A ça c’est primordial, Il faut savoir passer de temps avec eux, j’étais sévères mais je savais les écouter, j’étais un interlocuteur pour eux. Beaucoup de parents pensent maintenant, qu’en payant ils vont tout arranger, mais ce n’est pas vrai. L’amour n’a pas de prix, ce n’est pas matériel, c’est immatériel.

Nanou : Je pense que ce que tu as fait avec ton école, c’est vraiment fabuleux.

Edmond : J’ai fais plein d’universitaires, j’ai fait plein de gens qui réussissent. Le plus important c’est de leur redonner confiance en eux, et des les orientés. Ceux qui n’étaient pas fait pour les études, je leur disait simplement « tu n’es pas fait pour ça » et je les orientais vers d’autres voie. Il n’y a pas de sot métier, il n’y a que de sotte gens et un bon mécanicien, un bon carrossier, plombier, on en manque et quand on voit quelqu’un qui fait un métier qu’il aime, c’est fabuleux et en général il le fait bien.

Mais j’ai aussi une grande satisfaction, c’est que beaucoup de gens me reconnaissent.

Par exemple, j’étais l’autre jour au Touquet, à l’entrée de mon hôtel, j’avais encore des béquilles et une jeune femme descend d’une grosse BMW et vient vers moi, je n’y avais pas fait attention, je ne l’avais pas reconnue et elle me dit « ah ! Monsieur Dechamps, je suis si heureuse de vous revoir, j’ai passé de merveilleux moments chez vous et ça m’a beaucoup aidé ». Ca, ça me fait vraiment plaisir.

Je ne me rappelle plus si elle a réussit, mais pour moi, ce n’est pas le plus important, le plus important c’est de devenir quelqu’un de bien dans sa peau.

L’école ne doit plus devenir une obligation, ça doit être un moment de détente, d’instruction et de communication.

D’un autre côté, je me suis aussi rendu compte que les jeunes aiment l’autorité, ils adorent l’autorité, en opposition à ce qu’on croit souvent. Ils se révoltent contre les professeurs qui manquent d’autorité. Je l’ai bien vu avec certains professeurs que je n’ai pas pu garder.

Attention, pas une autorité militaire, une autorité intelligente, ne pas dire si quelque chose est brun ou noir, c'est rouge. Il faut être juste.

Nanou : En tout cas encore un grand merci pour tout ce que tu as fait, c’est fantastique.

Edmond : Bien oui, j’avoue que je suis content, maintenant je peux mourrir en paix, j’ai rempli mon contrat et j’ai fait ce que j’avais à faire et quoi qu’en pense certaines personnes, j’ai réussi ma vie, j’ai été social et je suis content pour ça.

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